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41 Le travail par téléphone ou à l’aide d’Internet a permis d’identifier des éléments centraux de l’accompagnement actuel. � La nécessité de soutenir la création d’une forme adaptée d’emploi du temps pour les enfants, selon leur profil, en associant les parents dans la démarche et en favorisant la mise en place de rituels et de repères propres à chaque famille, ce qui permet de maintenir la cohésion et l'identité du cercle familial, sinon susceptible de vite s’effriter. � L’importance d’expliquer les raisons du confinement, de manière apaisée, sans se référer à des métaphores guerrières qui peuvent alimenter l’angoisse. � Le rappel aux parents de l’importance, notamment pour les enfants, de sorties programmées, en respectant les consignes, de façon à permettre, avec leur autorisation et leur surveillance, des moments de respiration indispensables. Nous avons pu observer des situations où des parents interdisaient toute sortie! La situation de confinement peut, en effet, placer les adultes dans une posture infantilisante et régressive, qui vient les fragiliser dans leur posture d’autorité face à leurs enfants. C’est pour cela qu’il est important aussi que les professionnels accompagnent les parents dans une appropriation des lois imposées par le confinement, afin que ceux-ci deviennent positivement garants du cadre. � La régulation du temps scolaire: il ne peut être aussi élevé qu’à l’école ordinaire ni trop se raréfier, au point de disparaître. Certains parents ont fait travailler énormément leurs enfants, d’autres pas du tout. Une évaluation des situations et une tentative de régulation s’avèrent nécessaires. � L’évaluation de l’espace disponible est un enjeu majeur. Dans un domicile de surface réduite le lieu de travail se mélange avec celui de la vie familiale, ce qui peut créer tensions et confusion, y compris concernant les places de chacun. � L’organisation de créneaux fixes d’appels avec certains professionnels permet d’éviter de faire doublon et de donner aux familles le sentiment d’être pistées. Néanmoins, appeler «pour rien» peut avoir le mérite de créer de l’espace sur le plan psychique, et parfois «un pas de côté» dans les représentations et les affects de journées particulièrement réduites. � Les jeuxdesociété, lebricolage, lesactivitésmanuelles et les arts plastiques semblent très pratiqués dans certaines familles, pas du tout dans d’autres, ce qui mérite un questionnement et une remédiation. � La nécessité au sein des équipes d’une coordination rapprochée et organisée pour éviter la saturation des messages envoyés et reçus. Nous avons fait le choix d’utiliser des fiches de bord centralisées par le chef de service, actualisées une fois par semaine, à partir des notes d’appels des professionnels. Avant un appel, la fiche de bord permet de connaître la situation décrite par d’autres et évite aux professionnels de reposer les mêmes questions aux familles. � L’intérêt des appels vidéos via Skype pour les réunions entre professionnels et parfois, au cas par cas, avec enfants et/ou parents. Il est aujourd’hui difficile d’établir une véritable réflexion psychopathologique, dans la mesure où les répercussions de la situation sur les services associés aux dispositifs DITEP sont relativement récentes. La mise en sens respecte en effet une temporalité psychique spécifique, et la narration des événements surviendra, sans doute plus tard, chez les parents ou chez les enfants qui verront peut-être l’espace de parole, proposé par les services, comme une opportunité pour raconter le chamboulement vécu. C’est donc dans un second temps, comme toujours, que la question des impacts subjectifs pourra être source d’une recherche approfondie ou d’un travail clinique. Si l’on se réfère à une théorie structuraliste en psychanalyse, les symptômes peuvent être interprétés selon deux dynamiques psychiques différentes. Dans le premier cas, les troubles sont associés à des effets réactionnels à la situation et témoignent d’une réaction d’adaptation qui s’arrête corrélativement à la fin de l'événement perturbateur. Dans le second cas, la situation vient révéler le dysfonctionnement psychique propre à une structure mentale, et ses effets se télescopent avec une faille déjà présente au sein du fonctionnement psychique. C’est donc la deuxième hypothèse qui mérite une attention particulière des psychologues, lesquels peuvent l’interroger à l’aune du traumatisme, voire de la décompensation subie.

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