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39 Témoignages «LES EFFETS PSYCHOLOGIQUES DU CONFINEMENT» Extraitsd’unenoteauxprofessionnelsduPôleambulatoire et hébergement de l’Association Olga SPITZER Le confinement, qui a fait partie intégrante de la réponse de l’ensemble des pays touchés par l’épidémie CO- VID-19, a eu un impact psychologique indéniable. Les enfants et parents que nous accompagnons connaissent déjà des fragilités psychoaffectives importantes. Cette réalité a, de toute évidence, été anticipée par les équipes pluridisciplinaires depuis le début des décisions gou- vernementales et a ouvert une pratique spécifique pour de nombreux professionnels en télétravail, ainsi qu’une réflexion globale sur nos interventions à distance. Ce document se veut un élément complémentaire, éla- boré par plusieurs psychologues du pôle ambulatoire de l’Association, en direction des professionnels de toutes compétences, afin de contribuer au sein de leurs équipes à la discussion et à l’analyse des données nouvelles de cette pratique clinique. Une note de synthèse, parue le 14 mars 2020 dans la revue The Lancet, élaborée par des psychologues du King’s College London à partir de 24 études réalisées dans dix pays nous alerte: «Différentes caractéristiques ou conséquences du confinement apparaissent comme des facteurs majeurs de stress: la durée notamment, mais aussi la peur du risque d’infection, inhérent au confinement, la frustration, l'ennui, la carence de certains produits de consommation courante, une information inadaptée ou tronquée, la perte de revenus... Le per- sonnel mis en quarantaine s’avère beaucoup plus sus- ceptible de signaler l'épuisement, le détachement des autres, l'anxiété, l'irritabilité, l'insomnie, une difficulté de concentration et l’indécision.» Elles mettent en lumière: Un ralentissement psychique Loin de tout, les capacités cognitives diminuent, ce qui se manifeste par de la fatigue, une baisse de l'attention et de la motivation, voire une apathie. Une somatisation potentielle Dans cet environnement inhabituel, le corps réagit au stress par des troubles du sommeil, des maux de tête, des problèmes digestifs. Une augmentation de l’agressivité En réaction à la promiscuité, les astronautes se replient sur eux-mêmes ou deviennent agressifs envers les autres. Un effet sur le système cardio-vasculaire Le stress, généré par l’enfermement, et la diminution de l’exercice physique provoquent un épaississement des artères. L’analyse documentée des résultats de ces études indique qu’une durée supérieure à 10 jours d’un confinement total est prédictive d’un certain nombre de symptômes d’ordre psychologiques relativement faibles, qui augmentent lorsque le confinement se poursuit. Mais, pour la plupart, les scientifiques restent prudents sur ces éléments d’analyse qui demeurent hautement spéculatifs. Il convient d’être très mesurés sur l’interprétation des résultats. Le but des scientifiques anglais était en réalité d’évaluer les conséquences possibles d’une mise en quarantaine de manière à inciter les autorités à «prendre toutes les mesures pour garantir que cette expérience soit aussi tolérable que possible pour les personnes». Il serait faux d’affirmer que toutes les familles connaissent un état de détresse psychologique. Une telle généralisation rate d’ailleurs l’essentiel de ce que nous apprend le confinement: selon l’équilibre des liens entre les parents, les enfants, l’école, et nos services, des situations se modifient dans des directions imprévisibles, qui peuvent être parfois favorables aux parents, aux enfants et même aux dispositifs de soin. Cette réorganisation est peut-être le sujet principal dans ce qu’elle met à jour comme modalités de permanence et de changement au sein des systèmes qui interagissent autour de l’enfant et dont le parcours de soin a été modifié.

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